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6 juin 2022 à 19:20

On va grimper à Saou ?

La suite de ce week-end placé sous le signe du sport. Et aujourd'hui, on va grimper à Saou. Oui, mais nous allons parler de vélo. Bizarre ? Oui et non, tout simplement parce qu'une partie des troupes est partie en direction de Saou à vélo pour rejoindre les grimpeurs, et pourquoi pas tâter du cailloux pour certains.

En ce nouveau jour de fort vent dans toute la vallée du Rhône, il faut être motivé pour partir faire du vélo. La température est plutôt agréable pour rouler, mais il ne faut pas se prendre le vent dans le nez sous peine de faire du surplace. Il y a cependant peut être une solution pour mêler vent et plaisir à vélo. Tout simplement en prenant cap au Sud sans se retourner et se laisser porter par le vent. Pour le retour ? Les voitures des grimpeurs pardi. Plutôt malin non ?

Départ donc avec Danièle, Christiane et Jean Paul sur les coups de 10h avec un ciel voilé, mais c'est plutôt agréable à rouler. Portés par le vent, nous avalons rapidement les km. En guise d'échauffement, nous passons par tout un tas de très agréables petits villages marquant la frontière avec le pied du Vercors. Rochefort Samson, Barbières, Saint Vincent la Commanderie, Peyrus, Chateaudouble, Combovin. Ca et là, tout un patrimoine religieux et bâti, dont certains classés monuments historiques. Le passé devait certainement être fastueux dans cette province. A Peyrus, c'est un drôle de comité d'accueil qui nous attend. En effet, à la sortie du village, 3 militaires armes au poing stationnent. Cela n'est guère pour nous réconforter, mais un bonjour et nous poursuivons. Juste après, c'est carrément des véhicules avec mitraillettes. Entrainement au vu du contexte international actuel ? Nous n'aurons malheureusement pas la réponse.

A Combovin, ce sont les choses sérieuses qui commencent. Le col Jérôme Cavalli d'une dizaine de km avec une pente moyenne de 5%. Bon, je trouve que nous étions bien souvent au dessus des 5%, mais admettons. Chacun prend sont rythme de croisière. Malgré son moteur, Danièle flâne en tapant la causette avec Christiane. Le début du col se fait dans un vallon sauvage. Puis viennent les premières épingles permettant de passer un ressaut avec de belles falaises sur le côté. Pas facile de lire où se fraye la route. C'est la surprise après chaque virage. 2 nouvelles épingles et un nouveau ressaut est à franchir. Nous sommes désormais sur un plateau rappelant les Alpes du Sud. Un dernier passage dans une étroiture, et le dernier km se fera finalement en faux plat descendant.

Au col, c'est la claque. Les 3 becs se dévoilent sans préavis !!! Le point de vue est de toute beauté, et le col semble là pour mettre en valeur ce beau spot du département. Un petit mot quand même sur le fameux Jérôme, as de l'aviation de haute voltige, qui, ironie du sort, périra bien à terre en 1943 sur un aérodrome tunisien, bombardé par les allemands. Ses amis diront " les Allemands l'ont tué au sol, jamais ils ne l'auraient atteint au sol".

Une fois les selfies opérés dans tous les sens pour immortaliser l'exploit, il est tant d'attaquer la descente, pour rejoindre le pied de ses fameux 3 becs, objectif final de cette balade. La descente, c'est chouette, mais poussés par le vent, cela donne des ailes. Sans coup de pédales, les 70km/h sont atteints sans forcer. Au milieu de la descente, une halte s'impose au belvédère dominant un bout de la vallée de la Drôme. C'est le moment où Damien nous appelle pour nous informer de la forte présence de vent, et, que si nous préférons revoir nos plans, pas de soucis. Mais pour nous, le vent est un allié de circonstance !!! Nous n'allons certainement pas faire demi-tour maintenant. Nous poursuivons la descente en passant par le confidentiel village de Gigors et Lozeron, indiquant que nous sommes bien en direction du Sud. A la sortie, une belle rampe descendant où il ne faut pas louper le virage sur le bas sous peine de s'emplâtrer la chapelle perchée. Un coup d'oeil tout de même, le spectacle est enivrant. Encore quelques villages techniques où la vigilance est de rigueur, d'autant plus que les rafales de vent tournant avec les virages ont rapidement fait de nous déstabiliser. La fin de la descente se fait en pente douce en fond de vallée, en passant par le village de Cobonne.

Le terminus de la descente se fait à Aouste sur Sye. Au passage, Danièle ne manque pas de nous faire part de toutes ces attaches familiales dans pratiquement toutes les communes du secteur. Nous enjambons la rivière Drôme pour attaquer aussitôt la deuxième difficulté du jour, le pas de Lauzun. Moins long et moins pentu en moyenne que le précédent col, chacun avance tranquillement, les ressources commençant à s'amenuiser. Avec Danièle, nous gardons secret le clou du spectacle nous attendant pour laisser la pleine surprise. Les premièrs km se font sur une pente à peine perceptible. Puis les choses se corsent nettement plus pour atteindre des pentes avoisinant les 10%. Le fameux passage est en approche, je prends de l'avance pour immortaliser le moment. Un superbe passage étroit entre les falaises donnant un caractère pittoresque à la route. Ajouté à cela, le vent amplifié par l'effet Venturi est littéralement tempétueux. Je ne peux laisser mon vélo au milieu pour prendre les photos, il ne tient pas en place. L'eau dévalant dans le canyon en dessous est repoussée en sens inverse, malgré la présence d'une cascade, tellement la force du vent est puissante. Fort heureusement, ce dernier est dans le dos à cet instant, amenuisant la pente. Jean Paul arrive en tête presqu'entièrement dévêtu par le vent. Puis vient le tour de Christiane et enfin de Danièle. Ce n'est pas la peine d'échanger quelques mots, nous ne pouvons nous entendre.

Le dernier km se veut plus abrité, mais est loin d'être le plus facile. Mais le sommet arrive rapidement. Une pause pour regrouper les troupes, prendre à nouveau quelques photos souvenirs, puis reste la descente finale amenant au pied des falaises. Une descente assez technique mais plutôt rigolote à enchaîner les virages. Une nouvelle clue à franchir au niveau du carrefour d'entrée de la forêt de Saou, puis les prestigieuses falaises de Saou se laissent désormais admirer. S'il fallait une preuve des retombées économiques des sports nature, c'est bien ici qu'il faudrait venir les chercher. Des randonneurs, des vélos dans tous les sens, et ne parlons pas des grimpeurs où il est difficile de se faire une place en ce week-end prolongé de printemps, période idéale pour profiter des lieux. C'est donc au pied de cet environnement enchanteur que nous clôturerons la sortie, et surtout entamerons le casse croûte bien mérité, en compagnie des grimpeurs là depuis le matin.

J'avais de fortes suspicions d'un itinéraire à fort intérêt en traçant le parcours sur la carte, j'étais encore en deça de la réalité. Rien était à jeter sur cette sortie. Les villages du départ où nous nous sentons immédiatement bien, les points de vue montant crescendo avec le dénivelé, des descentes spectaculaires, un environnement sublime, des routes à faible circulation automobile, même en ce gros week-end. Le fait d'avoir le vent dans le dos a certainement accentué un peu plus le sentiment exaltant de cette sortie. Bref, mes camarades de route étaient subjugués, tout autant que moi qui découvrait une grosse partie du parcours. Ma foi, je n'en demandais pas mieux.

Commentaires

Staff
DD
Damien DELETRAZ 6 juin 2022 22:07

bravo et merci pour ces récits!!! On s'y croirait !