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22 avril 2018 à 22:10

Embuscades en Vallée du Rhône

Itinéraire à haut risque pour cette sortie vélo en dehors de nos pénates. Suite à la proposition de Damien (l'autre, enfin, pas moi quoi) d'une sortie d'escalade à Cornas, j'ai surenchérit avec une sortie vélo au départ du même village. Au menu, des côtes (pas du Rhône hein), des territoires hostiles à franchir avec des châteaux en sentinelle pour nous épier, et des brigades tout risques auront été autant d'obstacles sur notre chemin.

Tout commençait pourtant pour le mieux, avec une bien belle journée annoncée, un ciel d'un bleu profond, pas de vent, ce qui est à souligner en Valllée du Rhône, et une température digne d'un mois de juillet. La descente au petit matin dans la vallée est très agréable, avec les montgolfières au plus haut après un départ matinal, et une vue sur le Rhône à l'approche de Tournon, avec l'effet miroir magnifiant les berges. Nous nous retrouvons avec un peu de retard au pied de l'église de Cornas avec Aurélie, dont c'est une première avec un vélo non électrique, et les habitués et dynamiques Christiane et Jean Paul.

Nous prenons rapidement la route. Nous devons prendre  en direction du Nord la route passante 86, parallèle à la célèbre N7, mais côté Ardèche. La circulation y est encore relativement calme à cette heure matinale. Mais fort heureusement, cela sera de courte durée. Nous bifurquons rapidement sur la gauche, au niveau de la carrière entre Cornas et Chateaubourg. Une route sauvage s'offre alors à nous, le long d'un petit ruisseau déjà à sec. Très vite, la route se raidit, titillant les mollets encore engourdis. Nous voici dans un cirque de vignes du célèbre cru. On comprend mieux pourquoi on appelle cela les Côtes du Rhône. O oui, nous en avons une bien belle de côte devant le nez, pour gravir ce cirque viticole o combien esthétique. Des épingles serrées s'enchainent pour prendre rapidement de l'altitude. Fort heureusement, nous bénéficions des dernières minutes de fraicheur du petit matin, nous permettant de ne pas être asphyxié par la chaleur attendue. La troisième épingle aura raison d'Aurélie pour son baptême sans moteur. Elle devra alors mettre pied à terre et pousseur quelques centaines de mètres, marmonnant son souhait de revente du vélo tout juste acquis. Je reste en tête avec Jean Paul, haletant à la violence de l'effort à fournir. Christiane monte tranquillement mais surement entre les 2, toujours avec classe, avec sa chemise verte spécial vélo.

Nous faisons une pause au premier carrefour. La vue n'y est que plus belle avec l'aperçu vertigineux des lacets que nous venons  de franchir, et les premières berges du Rhône que nous commençons à apercevoir. Encore quelques hectomètres ardus à franchir, jusqu'à la maison perchée là-haut, avant l'espoir d'une atténuation de la pente. Ce sera  fort heureusement le cas. Aurélie pourra ainsi remonter sur son destrier,  en direction du sommet. Nous sommes maintenant sur un plateau intermédiaire à la physionomie complètement différente. Les pâtures bien vertes ont alors remplacées les vignes bourgeonnantes. Le relief s'est apaisé. La route serpente, avec quelques coups de cul qui rappellent que nous avons bien des muscles sur les cuisses, et que ça fait mal quand on les sollicite. La montée se poursuit au courage pour tout le monde. Face à nous, la chapelle de ce qu'il reste du château de  Saint Romain de Lerps que nous n'espérons pas atteindre car trop haute malgré le panorama époustouflant qui doit s'offrir aux passantx de là haut. Mais nous passerons un peu plus bas, avec pour point sommital le village de Saint Romain, en sentinelle au dessus de la Vallée du Rhône qui se dévoile maintenant à nous sous son meilleur jour. Félicitation au passage à Aurélie pour son premier col. La montée était certes raide et longue,  mais la réponse n'est que plus belle devant ce panorama qui me faisait de l'oeil depuis de nombreuses années. La prochaine fois, nous monteront jusqu'à la chapelle.

Place maintenant à la réjouissance avec une descente aussi longue que la montée, avec pour prochain point de passage à franchir,  le pied du château de Crussol visible à plusieurs dizaines de km autour de Saint Péray. Une superbe descente s'offre à nous. Route large, peu  de circulation, de belles courbes nous donnant la sensation d'être sur un circuit et d'optimiser ses trajectoires pour perdre le moins de temps possible. Le Château se profile enfin, fièrement perché sur sa montagne au dessus de la plaine Valentinoise. Il faut reconnaître que nos aïeux avaient un talent certain pour bâtir de tels édifices avec les moyens de l'époque. Ils rigoleraient certainement de voir ce que nous arrivons à faire avec nos moyens actuels.

Nous voici déjà à l'entrée de Saint Péray, connu également pour son vin, mais pétillant cette fois-ci. Nous ne ferons pas la tournée des caves ; combinées avec la chaleur du jour, les dégustations ne feraient pas bon ménage avec le vélo. Nous traversons le bourg tout de suite plus animé à l'approche de la ville. Nous passons le grand rond point du centre, et essayons de trouver des itinéraires bis vers Valence. Nous sommes tout de suite en campagne, au milieu des champs. La route n'y est pas de superbe qualité, mais les voitures sont quasi absentes. Nous nous approchons doucement mais sûrement du Rhône qu'il va falloir franchir maintenant. Pas question d'y aller à la nage, le courant nous amenant certainement plus vite qu'on ne le pense jusqu'à l'embouchure méditerranéenne. Il n'y a pas 36 solutions, le seul pont du coin est celui de Guilherand Granges, de l'autre côté de la préfecture drômoise. Nous longeons le Rhône sur la très agréable voie bleue, parallèle à la ViaRhôna. Le trafic est bien présent sur le fleuve entre avirons, voiliers et péniches se succédant.

Nous passons sous le pont que nous devons franchir. Zut, mais c'est dessus qu'il faut qu'on soit, et pas l'inverse. J'avance encore quelque mètres, et je vois rapidement une signalétique Drôme à vélo. Nous sommes encore en Ardèche, mais je me dis que la suivre est le plus sûr moyen pour passer de l'autre côté. Effectivement, cette dernière nous  mène sur le pont, sur des itinéraires sécurisés pour les cycliste. La prochaine épreuve va être d'atteindre la ViaRhôna, et surtout de traverser Valence en plein centre. Tout de suite sur l'autre rive, j’aperçois la signalétique adéquate avec le logo ViaRhôna. La traversée de Valence est compliquée car le Rhône est bordée de l'autoroute du soleil. Il faut donc passer en plein centre. La municipalité a eu la bonne idée de faire passer les vélos sur les voies de bus. Cela garantit nettement moins de trafic, et de grands boulevards s'offrent à nous en toute sécurité. Cela nous donne également la possibilité de faire une petite visite de la ville.

Pas trop le temps de faire du tourisme toutefois, nous avons encore de la route. Nous finissons la traversée dans la banlieue Valentinoise. Nous arrivons enfin sur une piste cyclable sécurisée et en bordure du Rhône pour remonter à contre courant. Mais soudain, une armée se dresse devant nous, empêchant d'aller plus loin. Après un contrôle en bon et du forme, ils nous laissent passer et nous accompagne sur la suite de l'itinéraire. L'équipée passe maintenant de 4 à 10 cyclistes, tel un vrai peloton. Nous retrouvons les 3 frères qui nous ont accompagnés il y a peu avec Antonin l'ainé, Rémi et le Maxou (si si, vous vous souvenez, il a fait le Col du Juvenet il y a peu, du haut de ses 3 pommes et 6 ans et son petit vélo avec peu de vitesses). Ils sont accompagnés de la maman, Fanélie, motivée sûrement par l'absence de Col. Pour compléter le tout, Marie Françoise et Robert, Stéphanois nous ayant rejoint spécifiquement pour partager un bout de chemin ensembles. Jamais sortie ASN n'aura été aussi fourni, si nous enlevons les électrifiés.

Nous voici à nouveau en route plein Nord. Les jeunes ont la frite, certainement dopé par la barre de céréale qu'ils viennent d'ingurgiter. Maxou est vêtu du maillot jaune, et nous voici imprimant un rythme effréné donnant quelques suées aux plus expérimentés. Les 3 frères prennent des relais tel une vrai équipe cycliste tentant le coup de bordure. Point de vent aujourd'hui pour leur permettre d'arriver à leur fin. Quand vient le tour de Maxou de monter en tête, il me montrera le chemin pour aller jusque chez lui, toujours avec le sourire même s'il est essoufflé de temps en temps. Derrière, les frangins font office de dérailleur et lui indique quand passer ses vitesses pour être sur le meilleur braquet.

Les kilomètres défilent, et tout le monde vogue à contre-courant. Nous voici en approche de Camargue. Je vous entend d'ici imaginer que le Cornas ensoleillé me tape sur la tête. Il s'agit tout simplement de la péniche qui s'appelle ainsi, et qui remonte en direction de Lyon pour promener les touristes étrangers. Nous nous payerons même le luxe de la dépasser, les ailes nous poussant et ne nous arrêtant plus. L’embouchure avec l'Isère est en point de mire. Un petit arrêt histoire de regrouper les troupes, et nous repartons. A droite, la Via Iseria remontant la rivière en direction de Grenoble, qui pointe à 93 km. Cela ne sera pas pour aujourd'hui, mais pourquoi pas pour une prochaine sortie. Nous continuons à remonter le fleuve.

La boucle initiale prévoyait de remonter jusqu'à Tain/Tournon, mais vu l'heure tardive, il est préférable d'écourter. Nous traversons pour repasser en Ardèche au niveau de La Roche de Glun. Un tronçon routier nous  oblige à vigilance et à bien rester en file indienne. Une fois le barrage franchit, nous reprenons un bout de ViaRhôna jusqu'au charmant village de Glun. Une petite variante touristique s'impose pour zigzaguer dans l'entrelacs de ruelles du village. Nous y perdrons la moitié du groupe, arrêté par la beauté d'un lila en fleurs. Mais nous reconstituerons le groupe à la sortie du village. Une petite pause crème solaire, et c'est reparti.

Nous arrivons au point noir de la sortie, un nouveau tronçon de D86 assez fréquenté, mais inévitable à moins de devoir remonter sur les coteaux. Nous reprenons notre file indienne sur quelques kilomètres avant de s'en éloigner à l'approche du village de Châteaubourg, qui, comme son nom l'indique, est coiffé d'un superbe château. Nous traversons rapidement le village, avant de reprendre la voie bleue empruntée plus en aval à l'approche de Valence. Nous évoluons sur de petites routes au milieu de vergers avec peu d'intérêt. Mais nous sommes au moins en toute tranquillité en l'absence de voitures. La route et les vergers se transforme en agréable chemin ombragé. Nous atteignons déjà le village de Cornas. Je me ferais piégé par le panneau de randonnée pédestre indiquant le centre du village. Comme son nom l'indique, il concerne les randonnées pédestres. Problème, nous sommes séparés du village par la voie ferrée qui n'offre que peu de traversées. Il faudra la redescendre quelques km avant de trouver un passage dans un quartier résidentiel.

Nous sommes maintenant revenus au point de départ. Les estomacs crient famine, mais il faut encore monter en direction du site d'escalade. Je consulte la carte, et m'aperçoit que le site est à peu près à 2 km, mais avec 200 m de dénivelés. Certains prendrons l'option voiture, enfin celles de ceux qui sont partis de Cornas le matin, les autres étant garées à Chateauneuf sur Isère. Pour les plus courageux, nous attaquons la montée au plus chaud de la journée, sans un brin d'air. Le début se fait au milieu des vignes, mais, fort heuresement, nous arrivons dans un vallon nous offrant quelques hectomètres de fraicheur. Marie Françoise capitulera à la première épingle, attendant que la voiture redescende pour la récupérer. J'accélère la cadence pour aller prévenir Jean Paul qu'il redescende. Je remonte le peloton essaimé mais qui avance surement. Un dernier carrefour, et nous atteignons le sommet, plus particulièrement au hameau Les Aygas. La vue y est panoramique sur la Vallée, et un beau champs d'herbe, avec 2 pins qui semblent nous attendre pour le pique nique. Une bise nous offrira même un léger rafraichissement après avoir bien transpirés.

L'autre Damien arrive pratiquement en même temps que nous, prêts à en découdre avec la falaise. Ils partent en éclaireur pour commencer à grimper, ils n'ont pas encore trop forcés. Nous mangeons rapidement avant d'aller les rejoindre. Je lui laisserais le soin de faire le compte rendu de la parti escalade.

Pour notre part, un problème de taille se pose, la moitié des cyclistes doivent rentrer à Chateauneuf sur Isère en vélo. Il n'y a pas assez de place dans les voitures. Nous repartons donc après quelques voies de grimpe. Robert a repéré un chemin pour éviter de remonter la petite côte avant la redescente sur Cornas. Pour ma part, je privilégierai la route, handicapé par les cales sous les chaussures. Ce sera finalement la bonne option, le chemin étant plus long que prévu. Je me mettrais à l'ombre en les attendant,  et quémanderait un peu d'eau fraiche à une personne sortant de la mairie. Les compères reviennent après leur escapade en cyclo-cross.

Deux options s'offrent à nous pour rentrer. Soit faire le chemin en sens inverse, soit prendre la voie bleue  Les avis sont partagés, mais nous prendrons finalement la deuxième option qui a l'avantage de faire une boucle et d'être ombragée sur la voie bleue jusqu'à Valence. En effet, ce tronçon de voie verte est fort agréable et nous arrivons très rapidement sur Valence. Nous voici bon pour une nouvelle traversée de Valence, mais la moitié desparticipants ne l'a pas faite.  Certains se projettent même pour une éventuelle retraite dans la cité aux portes du Sud. Nous reprenons la ViaRhôna plein Nord sur 6 km aux couleurs de la fin de journée. Robert tentera une attaque en position contre la montre, mais son VTT ne lui offrira pas les performances pour rivaliser face aux vélos route. Il sera alors repris et distancé, pris à son propre jeu. Nous quittons la voie verte pour de petites routes au milieu des champs. Une dernière petite côte laissant quelques douleurs musculaires, et voici la fin de la balade.

Quelle bonne idée que de tenter de regrouper les activités. Cela permet de faire se rencontrer les pratiquants, et de partager d'agréables moments. Quand au parcours, entre Ardèche et Drôme, il a eu l'avantage d'être dépaysant à 1h seulement de la maison. Je retiendrais la première montée dans ce cirque viticole avant la vue panoramique sur la vallée, la superbe et ludique descente en direction de Saint Péray, et le côté patrimonial avec la traversée de Valence et les villages pittoresques. Enfin la partie sur voie verte est reposante et permet une balade pour tout le monde sans prise de tête. Bref, une bien belle journée avec un temps estival laissant derrière les froides journées d'hiver.

 

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