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22 mai 2018 à 20:53

Vraiment très gros ce caillou !!!

Suite de la journée autour du rocher de Saint Julien à Buis les Baronnies. Après avoir effectué le tour à pied le matin et avoir pris un casse-croute un peu acrobatique  dans la pente et sur les branches d'un arbre pour certains (attention à ne pas se laisser s'échapper l'oeuf dur!!), il est temps de se remettre en ordre de marche. A l'appel des motivés pour se lancer dans une initiation via ferata, pas beaucoup de volontaires. Fatigue du matin, coup de barre digestif ou appréhension de se lancer ? Nous serons donc 6 valeureux à tenter l'expérience, les autres préférant une déambulation dans les ruelles du village.

Le temps de récupérer tout le matériel à la voiture, de s'équiper, que vient déjà le briefing par le capitaine Damien. Quelques règles élémentaires de sécurité, qui peuvent rajouter un peu d'appréhension, mais qui s'avèrent vite acquises pour mieux profiter par la suite. Nous nous élançons maintenant sur la paroi. Nous sommes rapidement dans le vif du sujet avec des barreaux verticaux et une traversée. Catherine, désormais experte, s'échappe avec Damien et Bruno. Justine avance doucement mais sûrement. Je sens pas contre très vite de la tension auprès d'Aurélie, les jambes se mettant à flageoler rapidement, et l'envie de faire demi-tour. Je tente de la pousser un peu, mais imagine que cela sera déjà une belle épreuve à franchir. Chacun avance à son rythme, en lutte avec soi-même et les éléments. Je laisse Aurélie faire à sa façon, sentant bien que chaque conseil de ma part rajouterais de la tension. Damien demande si tout va bien, tout en sachant pertinemment que ce n'est pas les doigts dans le nez pour tout le monde, le langage des signes nous ayant permis de communiquer entre nous ni vu ni connu.

Un passage dans une arche amène un peu de légèreté. Damien est pendu à une branche en contrebas histoire d'immortaliser le moment et garder des preuves. Certains lui ont pratiquement marché dessus sans même le voir. Il est pourtant pas si petit que cela le garçon. Un passage sur une espèce de toile d’araignée à la Fort Boyard permet un échauffement des muscles des bras. Nous tolèrerons à Aurélie de rester sur le câble beaucoup plus stable. Un petit passage en arête où nous est proposé une variante sportive que nous ignorerons histoire de pas perdre de temps pour la suivante. Un petit pont de singe ajoutera une touche pimentée à l'épreuve. Justine et Aurélie sont plus à l'aise sur une falaise brute qu'équipée de ferraille. Elles terminent le parcours mais en sachant bien que cela n'est pas vraiment fait pour elle. Chapeau toutefois d'avoir été au bout de ses appréhensions.

Vient le moment de savoir si nous enchainons sur la deuxième, sachant qu'il est déjà 17h. 4 volontaires décident de s'y élancer. La mauvaise nouvelle est qu'il va falloir se refaire pratiquement tout le dénivelé du matin, nous allons à nouveau flirter avec la croix sommitale. Il faut d'abord se faire une petite marche d'approche assez raide. Cela nous apportera une bonne suée, mais nous arrivons avec moins de temps que prévu au départ. Le mur se dresse immédiatement face à nous de façon bien imposante. Des barreaux bien achalandés s'offrent à nos mains et pieds, et nous prenons rapidement de l'altitude, dominant nettement Buis. Catherine trouvera cela bien facile à son goût. Nous atteignons une vire à remonter sur quelques mètres en marchant. Un autre feratiste pointe le bout de son nez et commence à doubler Damien qui ferme la marche. Je décide d'avancer un peu pour le laisser passer plus tard. S'en suit une première belle traversée horizontale et verticale qui commence à tirer sur les bras. L'autre feratiste ne tardera pas à me rattraper, mais la situation est inconfortable pour faire le dépassement ici. J'avance rapidement histoire de ne pas rouiller dans les parages, et profite d'une accalmie pour le laisser passer et faire une pause. J'annonce à Damien via le talkie walkie que ce passage est déjà un peu plus corsé.

Les troupes suivent toutefois assez bien. La suite sera une succession de passages suffisamment physiques et aériens pour nous pousser dans nos retranchements. Bruno est aux anges et nous le témoigne à chaque étape. Un nouveau pont de singe, ou pont népalais, je ne me rappelle plus dans quel ordre c'était, est à franchir. Nous sommes plusieurs dizaines de mètres au dessus du plancher des vaches, un vent déstabilisant se fait sentir, et le ciel se couvre sérieusement en toile de fond laissant présager un orage en fond de vallée. Il ne faut peut être pas rouiller dans le quartier. La concentration est à son paroxysme à chaque pas entre le mouvement de balancier du câble et la bise nous chatouillant le museau. Les couleurs de fin de journée amènent une belle note poétique. En bas, une sono résonne laissant imaginer une animation dans le village. Chacun passe le pont avec plus ou moins de décontraction.

Nous passons à proximité d'un nid. Difficile de savoir qui a bien pu nicher ici, sur le passage de la via. Les passages vertigineux et tirant sur les bras se font de plus en plus intenses en cette fin de journée bien remplie. La facilité de départ énoncée par Catherine se fait désormais lointaine je crois. Chose rare en via ferata, la suite se fait en redescente. Les montées sont généralement épiques, mais les descentes sont souvent plus ardues, nous obligeant à bien regarder dans le vide. Un imbroglio se dresse devant moi. Des panneaux sens interdit, l'indication de la noire, il ne faut pas louper sa trajectoire. Je demande par principe aux autres ce qu'ils veulent faire, Catherine ne tardera pas à répondre que cela suffira pour aujourd'hui. Bruno serait partant pour poursuivre, mais l'orage menaçant ne nous fait nullement hésiter avec Damien. Nous prendrons donc le chemin de la descente pour terminer cette belle journée. Un dernier passage escarpé, et un agréable sentier en vire nous invite à la descente avec un épique escalier taillé dans une poutre. Une main courante est toujours présente, nécessitant de s'assurer par moment par prudence.

Un sentier serpente dans la garrigue pour nous ramener à bon port. Nous croisons un couple qui cherche le départ de la via rouge. Nous tentons de les dissuader au vu de l'orage menaçant, ce serait plus sage. Il semble entendre nos dire, continuent leur chemin histoire d'au moins  repérer les lieux. La pente se fait plus sévère, et le revêtement graillonneux a tendance à amener la glissade facilement. Chacun descend à son rythme avec une nouvelle fois des images plein la tête.

Ce Saint Julien nous aura décidément donné une belle journée de découverte. Ce massif aux modestes proportions semble cependant intarissable tellement il offre d'activités pour en permettre la découverte. Une bonne semaine voire un mois serait nécessaire pour en faire le tour des sentiers et voies d'escalade. Cela ne sera qu'un simple au revoir, le sentiment intime que nous reviendrons prochainement trônant dans les esprits. Sur la route du retour, nous ferons un petit détour vers les Gorges d'Ubrieux histoire de repérer la falaise du lendemain pour l'escalade.

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