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20 mai 2018 à 18:06

Un bien gros caillou

Poursuivons le périple de notre week-end de l'ascension dans les Baronnies. Après une sortie vélo la veille et une soirée salvatrice pour tous, il est temps de repartir pour une journée pleine d'activités. Et elle en sera tout autre.  Pour débuter, nous troquons le caoutchouc des pneumatiques pour celui des souliers. En effet, nous débuterons cette journée par une randonnée pédestre. Cap sur la capitale des Baronnies, à savoir Buis les Baronnies, bien connue pour son tilleul, mais surtout pour être la Mecque des sports nature. Des falaises dans tous les sens, et surtout des sportifs de tous les côtés. Des grimpeurs, des cyclistes, des VTTistes, des électriques, des randonneurs à pied. Bref,  chacun peut trouver son bonheur dans cette région qui ne manque pas d'atouts. L'objectif du jour est un bien gros caillou, le plus connu des environs, à savoir le Rocher Saint Julien. Immense falaise rappelant ses petites soeurs les Dentelles de Montmirail un peu plus loin ; il permet aux grimpeurs et ferratistes de s'en donner à coeur joie, et aux randonneurs d'en arpenter les sentiers.

La boucle part initialement du centre du village, mais nous préférerons le parking des via ferrata, histoire d'enchainer sur cette activité l'après-midi. Avec Damien, nous préparons du matériel en cas de besoin, une petite variante aérienne peut s'offrir à nous, mais nous ne connaissons pas vraiment l'état du terrain. Une fois tout le monde prêt, nous débutons la balade au pied de cet imposant massif. La balade est tout d'abord en profil descendant sur la route que nous venons de monter en voiture. Nous passons devant le départ de la via ferrata initiation que nous viendrons visiter plus tard pour les plus motivés. Rapidement, un sentier se faufile sur la gauche. Assez raide, encore un peu humide, il faut prendre gare au dérapage sur cette glaise assez traitre. Cela sera de courte durée,  nous atteignons rapidement un chemin plus large, puis récupérons la route 2 épingles plus bas.

Nous surplombons le village de Buis les Baronnies, aux allures provençales avec ses tuiles caractéristiques, et bien recroquevillé sur son centre bourg, avec l'église pour épine dorsale. Alors que tout le monde s'attend à une visite du village en approchant de son entrée, nous obliquons à droite pour s'en égarer, et surtout débuter l'ascension du jour. Tout d'abord route au milieu d'un quartier résidentiel, elle laisse rapidement la place à un sentier sauvage où l'explosion de la végétation nous rappelle que nous sommes au printemps et qu'elle tend à reprendre ses droits sur le chemin. La pente s'accentue, et une épingle plus haut nous traversons une petite route. Une petite pause pour regrouper les troupes, un petit coup d'eau et s'est reparti.

Nous traversons un parking pour les grimpeurs, et prenons la direction du Saint Julien sur son versant Nord. Nous apercevons en miniature les personnes qui parcourent les via ferrata d'un cran au dessus, ne rassurant pas du tout les novices en la pratique. Un chemin carrossable se faufile au milieu des champs d'abricotiers, quand nous les quittons pour un sentier plus sauvage dans la garrigue. Ici, le caillou est roi. Il y en a de partout.  Des petits, des gros, des pointus, des arrondis, des falaises, et certains auraient envie de nous conter leur histoire. La pente reprend de plus belle. Nous montons à un train modéré, chacun à son rythme. Les épingles s'enchainent, la vue s'élargit sur les village de Buis et de la Roche sur le Buis, et sur les Gorges d'Ubrieux, point de passage vers les Alpes du Sud et le beau Col d'Ey dont nous reparlerons plus tard. Juste au dessus de nous, les passerelles des via ferrata donnent des sueurs chaudes à certains qui sont pourtant bien sur le plancher des vaches.

Nous atteignons le sommet de la grimpette, bien marqué par un imposant cairn. Toujours des cailloux et pas de difficulté pour le coiffer d'un nouveau et laisser une trace de son passage. En théorie, le sentier se faufile tout droit pour basculer en versant Sud. Mais nous avons une idée derrière la tête avec Damien et prenons la direction du flanc de l'arrête du Saint Julien.Ce dernier se dévoile de profil et nous pouvons admirer les plis de la roche qui se sont élevés il y a bien longtemps grâce aux mouvements tectoniques. La végétation se fait de plus en plus dense et tout le monde se demande bien où nous allons entre buissons touffus et la falaise semblant bien infranchissable sans équipement de circonstance. Nous passons devant un semblant de grotte et buttons à l'entrée d'une faille marquée d'une flèche à la peinture.

Chouette, nous sommes bien où je souhaitais arriver. C'est ici que s'offre la variante pour ceux qui le souhaitent, à savoir monter sur l'arrête. Les troupes semblent hésitantes, mais c'est l'occasion ou jamais de se laisser tenter. Une partie de l'équipe se laisse convaincre, certaines étaient presque motivées mais renoncerons au dernier moment. Nous nous engageons dans cette faille qui demande quelques pas d'escalade très faciles. L'avantage de cette faille est que nous sommes encerclés de falaise, occultant totalement toute impression de vide. Nous sortons de la faille et un espèce d'escalier se dresse devant nous témoignant d'une certaine occupation jadis. Une fenêtre dans la roche permet d'admirer le panorama qui commence à se dévoiler. Le Ventoux est en toile de fond, mais malheureusement encore coiffé de son chapeau masquant sa tour sommitale. Encore quelques mètres et nous atteignons la véritable crête. Quel panorama époustouflant de toute part ! Nous dominons littéralement la campagne environnante tels des aigles planant dans le ciel. Buis est bien bas et petit vu d'ici. La vue est vraiment saisissante. Un sentier parcours la crête permettant de s'approcher de la croix du sommet. Nous évoluons prudemment mais le sentier reste assez large et facile. Pour preuve, personne n'a demandé à se faire équiper pour évoluer sereinement. Il faut par moment se frayer un chemin au milieu de la végétation. Nous arrivons au bout ce que nous pouvons faire sans équipement. En se penchant un peu côté Nord, nous apercevons en dessous les ferratistes en train de s'adonner à leur activité vertigineuse. Cela finit de couper la chique à certaines pour l'après-midi. Après un bon moment de contemplation, nous rebroussons chemin pour retrouver le reste des troupes.

Ils se sont installés dans une petite clairière, profitant du soleil et de quelques cailloux plats pour s’assiéger. Un petit biscuit et nous reprenons la route. Nous passons à nouveau le cairn, et reprenons le cours normal de la balade. J'indique à tout le monde qu'il nous reste à redescendre vers la voiture, mais je me suis royalement trompé. Un sentier monte en pente douce qui se fera de moins en moins douce pour atteindre le véritable point culminant de la balade à Sabouillon. Certains seront hésitants se demandant s'ils ne s'étaient pas trompés au vue des indications fournies juste avant. Mais pas de doute possible, il n'y a qu'un seul sentier. Nous doublons un autre groupe de randonneurs et atteignons doucement mais surement le sommet. Durant la montée, nous prenons du recul avec le Saint Julien, basculons côté Sud, et avons un tout autre point de vue mais non moins esthétique. Du sommet le Ventoux semble alors tout proche et nous pouvons apercevoir les pistes de ski de la station du Mont Serein.

Bon, ce coup ci, c'est la bonne, il ne reste plus que de la descente. Cela n'est pas forcément synonyme de facilité pour autant.  Le sentier débute tranquillement mais la pente s'accentue rapidement. Gare à la glissade sur ce sol assez fuyant. Quelques cailloux jonchent le sentier bien damé par le passage des randonneurs. Nous faisons une pause regroupement à l'amorce d'une crête boisée qu'il va falloir parcourir mais qui n'est pas évidente du tout malgré le balisage irréprochable. Beaucoup moins imposant et impressionnant que le Saint Julien, cette partie de la descente se veut un peu plus technique et il faut bien faire attention où nous posons les pieds. Mais le passage donne encore une tournure différente à la balade qui ne manque décidément pas d'intérêt. Au bout de la crête, le sentier bascule sur la droite, pour rapidement retrouver un chemin forestier qui nous fera tranquillement descendre jusqu'au parking du départ où nous retrouverons les voitures.

Quelle belle balade. Pas trop longue, pas trop dure, mais suffisamment pour que chacun puisse y trouver de l'intérêt. Certains auront pu repousser un peu plus leurs limites, que ce soit sur l'arête ou sur la balade sur laquelle ils ne se seraient pas forcément aventurés de leur propre chef. Mais pour tout le monde, se fut avec beaucoup de plaisir, et c'est bien là l'essentiel, malgré 1 ou 2 chevilles douloureuses. Rien à jeter sur cette balade à la fois très sauvage, toujours sur des sentiers d'une grande beauté, mais pourtant à quelques encablures du village. Nous en avons pris plein les yeux, avons vu beaucoup de cailloux de toute sorte, et en redemandons toujours plus. Quel plaisir également de faire se retrouver un peu toutes les pratiques pour une activité commune. Pour la suite, ce sera la via ferrata, mais ce sera pour un prochain épisode. Y aura t-il autant d'adeptes ?

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