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5 février 2018 à 21:16

Perdus à la maison

Une nouvelle fois, dame neige en a décidé autrement et a chamboulé notre programme. Nous devions initialement s'aventurer dans le Vercors, sur le réputé Plateau d'Ambel, pour faire des raquettes. Vous allez me dire, mais où est le problème s'il y a de la neige pour faire des raquettes ? Et bien nous la voulions au sol, et pas sur la tête, obstruant ainsi la visibilité, nous empêchant d'admirer le paysage qui y est paradisiaque parait il, mais surtout nous faisant vite perdre nos repères, dans un secteur dont la réputation indique de ne pas s'y aventurer par temps de brouillard. La raison gardée nous aura fait prendre la sage décision de ne pas nous y risquer.

Je perçois déjà votre impatience quant à savoir comment ils se sont perdus, surtout à la maison. Est ce le résultat d'une beuverie qui se termine en partie de cache-cache dans les placards de la maison ? Même pas, mais nous aurions peut-être pu. Tout commence le dimanche après-midi, entre 2 démonstrations de country du pluridisciplinaire Damien lors du très sympathique Saint Félicien fête le Québec, organisé par Le Sou des Ecoles, où nous avons pris la décision de renoncer au Vercors. Compte tenu des prévisions météo pas franchement engageantes, nous nous donnons rendez-vous par téléphone à 7h30 pour savoir ce que nous faisons. 7h35, le téléphone sonne. Il neigeote un peu dehors, point de débat, nous décidons de ne pas partir trop loin, et de tenter une sortie raquettes à Lalouvesc.

Damien débarque à 9h à la maison. Ce sera un nouveau tête à tête. Un café avalé, nous partons bien motivés affronter les conditions hivernales qui battent leur plein dehors. - 2 °C, des flocons virevoltants, que demander de mieux comme ambiance ? Nous prévoyons une boucle d'une douzaine de km, à vu de nez. Les mauvaises langues doivent déjà penser que cela sent le roussi. Nous commençons en tour de chauffe par la traditionnelle boucle effectuée lors des 2 dernières sorties raquettes à Lalouvesc. Je lui montre où Christiane est tombée sur le goudron, les talus qualifiés de montagne par les compères, mais qui sont que banalité, le ravin où certains ont louché en apercevant le fond, et enfin les genêts qui ont tendu un guet à pan à Jean Paul la semaine dernière. Le tout reste toujours aussi beau, malgré le temps grisâtre et la hauteur de neige ayant bien diminuée depuis une semaine.

Jusque là, il ne se passe pas grand chose me direz vous. Je propose à Damien de choisir la suite du parcours. A gauche, une petite déambulation dans les bois pour retourner vers le stade avec ensuite les pistes de ski de fond qui doivent avoir les restes du damage de la semaine dernière, avant de finir par un petit vallon agrémenté de cascades. A droite, un cheminement entre prés et forêts, avec au menu des hors pistes douteux au caractère pommatoire, et un final assez pentu dans un profond vallon. Évidemment, Damien préfèrera la deuxième option, l'estimant plus rigolote. On ne pourra pas dire que je ne l'ai pas prévenu.

Cela commence moyennement puisque nous sommes sur un chemin pierreux et assez peu enneigé. Pas super agréable d'entendre les raquettes racler. Mais cela sera de courte durée. Nous traversons la départementale qui va sur Saint Bonnet le Froid, et amorçons le premier hors piste. Il ne devrait pas y avoir trop de soucis car relativement court, mais j'ai souvenir d'une sortie quelque peu broussailleuse. Finalement, nous trouverons un passage assez sympa, au milieu des sapins drapés de neige. Nous suivons le GR sur quelques centaines de mètres, avant d'attaquer un hors piste plus conséquent. Nous zigzagons entre les arbres, aboutissons sur une longue prairie à traverser, avant de remonter un petit raidillon. Un nouveau champ à traverser, puis nous nous frayons un passage entre les sapins donnant des airs scandinaves. Nous retombons sur des chemins forestiers. Je recherche un petit vallon dont j'ai le souvenir il y a quelques années qui devrait être rigolo. Pas sûr de moi, je décide d'en prendre un qui m'inspire. La végétation y est très dense, les branchages essayant de me chaparder les lunettes sur le bonnet. La pente y est assez raide, permettant quelques glissades et rigolades. En bas, à l'embouchure avec un vallon parallèle, j'ai l'impression de ne pas avoir pris le bon. Peu importe, nous sommes arrivés en bas sans trop d’embûches.

Nous traversons la petite route à proximité de la superbe ferme du Perrier et prenons le cap vers un vallon plus profond. Nous traversons une nouvelle prairie avant d'arriver dans une forêt. Je suis là aussi passé qu'une seule fois en raquettes, et, à l'époque, j'avais pas vraiment trouvé de passage, rendant la progression laborieuse. Je connais un peu mieux le fond du vallon depuis, et espère bien tomber dans une pâture ceinturée de ruisseaux. Je suis assez hésitant dans le choix de mes caps dans cette forêt où l'orientation  est difficile. Nous ne sommes pas sur des chemins il faut dire. Damien suit bien sagement, rassuré par les traces de lièvre témoignant d'une quelconque trace de vie. La pente commence à s'accentuer. Dans ma tête, j'espère traverser une piste forestière. La pente s'accentue de plus en plus, permettant quelques glissades bien sympathiques. Mais je me demande de plus en plus où nous sommes. Nous n'avons pas traversé cette fichue piste, et nous ne la traverserons plus maintenant. Nous arrivons au sommet d'un vallon où la mélodie du ruisseau déambulant de cascade en cascade est fort sympathique. La pente y est par contre assez raide, et les fesses servent alors autant que les raquettes pour avancer. Nous sommes maintenant au fond du vallon. Nous traversons et retraversons maintes fois le ruisseau peu profond. Quelques talus assez raides sont à désescalader, parfois obstrués par des arbres en travers. En parlant d'arbres en travers, en voici un qui va peut être nous rendre service. Imaginez un arbre en travers du ruisseau, juste assez gros pour supporter notre poids, qu'il faut traverser, raquettes aux pieds bien sûr, le tout sans tomber. A ce petit jeu, vous ne devinerez jamais qui gagnera. En même temps, vous êtes sûrs de gagner, c'est Damien !!! Mais lequel des 2 ? Fort heureusement, le ruisseau est juste assez profond pour recouvrir les raquettes d'eau.

Damien ne cesse de répéter son adage, jamais perdu, toujours égaré. Je ne sais pas si c'est pour se rassurer, mais il est certain que je ne suis pas du tout sûr de tomber là où je le souhaite. En même temps, je recherche un pré ceinturé de ruisseaux. Quoi de plus sûr que de suivre un ruisseau ? Nous captons une once de 3G, permettant de checker la carte IGN, et de s'apercevoir que le pré n'est plus très loin. Quoi qu'il en soit, il n'y a qu'en raquettes que nous aurions oser nous aventurer dans ce vallon raide. Pourtant, le coin est très agréable avec cette succession de cascadelles. Nous apercevons enfin le fameux pré. Je montre à Damien le semblant de chemin par lequel j'ai pour habitude d'arriver. Pas franchement convaincu par mon exposé, Damien acquiesce. Nous nous frayons un chemin entre branches couchées par le poids de la neige et arbres morts en travers. Une clôture de barbelé à franchir, et nous voici dans le tant désiré pâturage. Assez raide, il nous offre encore quelques joyeuses glissades. En bas, nous franchissons à nouveau la clôture, puis le ruisseau effectuant la confluence avec celui qui nous suivions jusqu'alors.

Nous sommes au fond du vallon. Je sais que la montée qui va s'en suivre est assez raide. Rien de plus logique avec la descente que nous venons d'effectuer. Nous longeons le ruisseau sur quelques mètres, avant d'attaquer la pente de face. Un beau raidillon de quelques dizaines de mètres de dénivelé. En haut, nous retrouvons un vieux chemin à flanc de montagne. Il faut jouer à saute-moutons avec des arbres en travers et de petits sapins ayant pris domicile au milieu du chemin. Je suis alors obsédé par mon téléphone dans ma poche que j'ai perdu sur ce même chemin il y a quelques semaines. J'ai bien pris garde à fermer la fermeture, et je vérifie surtout toute les minutes qu'elle l'est bien. Nous atterrissons à nouveau sur le GR. Je sais alors qu'il reste quelques minutes d'ascension vers le stade de Lalouvesc. Dans la neige, raquettes aux pieds, elles nous paraissent interminables. Un dernier arbre en travers, et nous voici débouchant au village. Une dernière succession de pré, où une plaine comme le qualifiera Damien, mais en s'apercevant que les conditions météo aplanissent fortement le ressenti, et que nous sommes bien en train de redescendre nettement.

Nous finirons par un petit repas à la maison autour d'un bon Rasteau dont Damien a le secret pour dégoter les plus savoureux. Au bilan, 8 km et des broutilles pour les mauvaises langues qui imaginaient déjà les 20 km hors taxe. Mais tout de même 3 heures de randonnée. Pas besoin de faire de longs trajets pour s'amuser et découvrir de nouveaux chemins. Bien que les sorties dans nos massifs voisins sont toujours forts sympathiques, il est super sympa également de sortir des sentiers battus et de partir à l'aventure, même à quelques encablures de la maison. Nous espérons toutefois pouvoir partir rapidement à la découverte de nouvelles contrées, pour assouvir notre soif de nouveaux horizons, que ce soit à pied, à vélo, ou pendu au bout d'une corde.

 

 

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